Afrique du Sud : une bousculade mortelle lors d’une messe menace Shepherd Bushiri, le prédicateur milliardaire
On pourrait croire que son prénom, Shepherd (le berger), relève de la démarche commerciale. En fait, il s’agit vraiment du prénom que sa mère lui a donné, suite aux complications lors de sa naissance, en 1983. Une référence au psaume 22, qui exprime la reconnaissance maternelle. Prédestiné par ce prénom ? Bushiri se sent très vite une mission divine, parcourt le monde, fait des disciples et crée sa propre église en Afrique du Sud.L’aura de ces églises évangélistes et de leurs mentors est immense. Celle de Bushiri fait encore mieux. Des messes collectives monstres permettent de récupérer des dons, et aussi de partager la “force divine”. Les succès professionnels des fidèles, parfois leur guérison miraculeuse, sont autant d’occasions de célébrer la prescience du prédicateur.
(La Commission de la protection des Droits de la communauté culturelle religieuse et linguistique (CRL Rights Commission) à Johannesbourg auditionne le leader de l’église Enlightened Christian Gathering (ECG).)C’est au cours d’une de ces messes qu’est survenu le drame qui vaut aujourd’hui ses soucis à Bushiri. Il s’agit d’apporter des éclaircissements sur la bousculade qui a provoqué la mort de trois personnes, lors de la messe de l’église de l’ECG, le 28 décembre 2018.Nous mourrons pour toi prophèteUn fidèle de l’égliseSunday TimesLa police n’a été prévenue de l’accident que le lendemain. Selon son rapport, la foule rassemblée au parc des expositions attendait la prestation de Shepherd Bushiri. La pluie a provoqué un mouvement de foule, puis une bousculade coûtant la vie à trois personnes. Des victimes dont les corps ont été évacués avant l’arrivée de la police. Selon la CRL, l’affaire a provoqué un certain nombre de réactions réclamant la fermeture définitive de l’église.
Prophet Shepherd Bushiri’s supporters picket outside the premises of the CRL Rights Commission. pic.twitter.com/c2C8AM1Udj — Hlubi (@Nomahlubij) 28 janvier 2019
(Rassemblement de soutien du prophète devant la Commission)Le milieu des églises évangélistes sud-africaines est, semble-t-il, parcouru d’une frénésie d’enrichissement personnel. La religion est devenue un business où officient de curieux prédicateurs. La coexistence de la religion et du commerce n’est pas illégale, comme le précise le quotidien Mail and Guardian (lien en anglais). En revanche, ne pas payer d’impôts sur ces revenus est un délit. Selon Senzo Mkosi, le porte-parole du service des impôts d’Afrique du Sud (Sars), des organisations religieuses réalisent des profits pouvant atteindre un million de rands par mois (64 400 euros), grâce à la vente de produits dérivés. Et certains leaders religieux s’exonèrent de toute taxation.Trafic d’eau béniteIl y a aussi ce que les églises considèrent comme des dons, notamment la bénédiction de l’eau. Les fidèles apportent de l’eau de chez eux pour la faire bénir, parfois ils achètent directement les bouteilles à l’église. En échange de cette bénédiction, le fidèle fait un don.Tous les prédicateurs réfutent évidemment ces accusations de malversations. Lors d’un sermon, Bushiri a justifié son train de vie par ses activités professionnelles. Celles d’un homme d’affaires, qui lors d’un voyage aux Etats-Unis a acheté, selon ses dires, trois hôtels pour la modique somme de 450 millions de dollars. D’après lui, les dons ne suffisent pas pour une telle acquisition. Du reste, Sheperd Bushiri a écrit un livre sur le sujet : Faire fortune dans le commerce international. La société de cette homme d’affaires avisé, la Shepherd Bushiri’s Company, a des intérêts dans le pétrole, les mines, les transports.A propos de fortune, la police s’est justement intéressée de près à la sienne en avril 2018. Résultat: l’autoproclamé prophète a généré 15 millions de rands (966 000 euros) de revenus, qui ont rejoint le Malawi, pays natal du prédicateur, échappant ainsi au fisc sud-africain.Mais tout cela ne contrarie pas les affaires. Comme le fait savoir ECG News, le media de l’église, les grand-messes internationales ont commencé pour l’année 2019 à Pretoria. Des milliers de rands en perspective pour l’économie sud-africaine… ou pas.Click Here: Cardiff Blues Store