Dans les hôpitaux du Zimbabwe, sans argent, pas de traitement…
Aux dires de l’OMS, le Zimbabwe figure au 155e rang (sur 190) du classement mondial des systèmes de santé mondiaux. Son propre secteur a été particulièrement touché par une épidémie de choléra en 2008, entraînant la mort de quelque 4000 personnes. Une crise suivie l’année suivante par une épidémie de rougeole. Une nouvelle attaque du choléra a fait une trentaine de morts en septembre 2018.
Les deux crises de 2008 et 2009 ont été à l’origine d’une hausse du taux de mortalité maternelle: lequel est ainsi passé de 390 pour 100.000 en 1990, à 960 pour 100.000 en 2010. De son côté, sur la même période, la mortalité des enfants de moins de 5 ans est passée de 75,2 pour 1000 en 1990, à 100,2 en 2006. Par la suite, entre 2009 et 2014, les autorités, soutenues par les contributions internationale et les organisations onusiennes, ont réussi à inverser la tendance, rapporte l’Unicef. Notamment grâce à l’amélioration de la couverture vaccinale.
Un secteur qui manque de tout
Pour autant, le secteur public de santé a été durement touché par la grave crise économique et sociale qui affecte depuis de nombreuses années le pays, sous la tutelle de Robert Mugabe jusqu’en 2017. Et aujourd’hui, ses infrastructures sont «fragiles et peu fiables», observe le courtier en assurance médicale internationale Pacific Prime.
Le pays manque d’installations médicales et de personnel médical qualifié, particulièrement dans les zones rurales où vivent les deux tiers de la population. Il manque aussi cruellement de médicaments, secteur frappé par les restrictions en matière d’importations. «90% des établissements de santé ne disposent pas en stock des produits indispensables. Et l’on assiste à des pénuries sporadiques de traitements antirétroviraux, censés être gratuits dans les hôpitaux publics pour les malades atteints du virus du sida», rapporte un article du Guardian (en date du 14 juillet 2016). D’une manière générale, la gratuité des soins devrait aussi bénéficier aux jeunes enfants et aux femmes enceintes.
Dans ce contexte, les patients sont dans l’obligation d’apporter eux-mêmes leurs médicaments, achetés dans des pharmacies privées. Sauf qu’il est très difficile de retirer de l’argent dans les banques… Le problème est d’autant plus aigu que les prix des produits sont beaucoup plus élevés qu’ailleurs: en 2016, un vaccin contre la fièvre jaune était presque trois plus cher au Zimbabwe qu’au Kenya.
Le secteur privé, qui n’a pas forcément bonne presse, ne compense apparemment que partiellement les carences du secteur gouvernemental. Les soins y sont onéreux. Et les malades doivent régler les frais avant toute prise en charge, signale Pacific Time. Comme dans les établissements publics.
«Taxe santé»
«Pas d’argent, pas de soins», résume, lapidairement, le Guardian. Résultat: la plupart des établissements de santé fonctionneraient à «moins de 30% de leurs capacité», selon une ONG locale citée par le quotidien britannique. Les autorités reconnaissent d’ailleurs elles-mêmes que deux tiers des Zimbabwéens malades ont renoncé à se faire soigner.
Conscientes du problème, ces dernières tentent de trouver de l’argent pour redresser la situation. En mars 2017, elles ont ainsi décidé d’instaurer une «taxe santé» de 5% sur «toutes les transactions par internet et téléphone mobile», selon la presse locale. Histoire de renforcer le budget du ministère de la Santé qui s’élevait alors à 281 millions de dollars zimbabwéens (près de 670.000 euros au 1er octobre 2018). Un budget auquel les donateurs internationaux contribuent davantage que les pouvoirs publics…
Mais tout cela reste insuffisant. Conséquence: en cas de grave problème, un assureur comme Pacific Prime conseille d’aller se faire soigner en Afrique du Sud…