Gwendoline Hamon : “Je suis fusionnelle avec mon fils”
L’actrice Gwendoline Hamon s’engage pour sensibiliser le grand public à la vaccination des préadolescents contre les HPV*. Avec un soutien de poids : son fils Gabriel, 16 ans. Une histoire de famille.
Elle a le goût des autres. Difficile d’aller contre sa nature. Dès qu’elle peut aider, du haut de son « estrade, même minuscule »– sa définition de sa notoriété –, Gwendoline Hamon, 50 ans, fait entendre sa voix. Fonceuse. Entière. Pas donneuse de leçons. Ce qu’elle veut, c’est témoigner, informer, alerter. Il y a douze ans, sa mère Caroline est décédée en quelques semaines d’un cancer du col de l’utérus, non diagnostiqué faute de suivi médical. Elle avait 58 ans.
Depuis, la comédienne est devenue marraine de l’association Imagyn (Initiative des malades atteintes de cancers gynécologiques). Entre deux prises – elle vient de tourner de nouveaux épisodes de la saison 5 de Cassandre (France 3) ainsi que la minisérie Une si longue nuit, avec Mathilde Seigner et Jean-Pierre Darroussin (6 x 52 minutes pour TF1) –, Gwendoline reprend son bâton de pèlerin pour sensibiliser les Français à la vaccination des préadolescents contre les papilloma virus humains (HPV), responsables de 2 900 décès par an en France, chez les filles comme chez les garçons. Un combat auquel prend part son fils Gabriel, 16 ans (né de ses amours avec l’acteur Frédéric Diefenthal). Le jeune homme s’est fait vacciner, bien sûr, et a accepté de poser pour la première fois. Tout sauf du cinéma.
GALA : Quand on a comme vous grandi entourée de femmes, comment fait-on pour élever un fils ?
GWENDOLINE HAMON : Chez nous, c’était un vrai matriarcat, il y avait très peu de garçons. Mon père était resté au Sénégal, avant de s’installer sur la Côte d’Azur. Mon grand-père était parti en Suisse… J’avais l’impression d’être la seule femme au monde à attendre un garçon ! Mais je n’avais pas tellement conscience de la difficulté d’éduquer. On n’est pas formé pour être parent, et c’est un drôle de job ! J’ai beaucoup de chance parce que j’ai une relation fusionnelle avec mon fils. Il est enfant unique de mon côté et comme je suis une grande communicante, je lui ai toujours beaucoup parlé.
Avec Gabriel, on a des conversations où l’on n’est pas d’accord, où chacun argumente… La seule chose sur laquelle je ne tergiverse pas, c’est le respect. On est dans le culte de l’enfant-roi, à qui l’on veut tout donner, à qui on doit offrir le plus de chance possible… Je dis tous les jours à Gabriel que je l’aime, même si le mot est galvaudé. Dans la société difficile où nous vivons, avec ces études qui ne vont peut-être servir à rien et ces divisions de plus en plus marquées, je souhaite qu’il soit au moins armé de confiance. Bien sûr, j’ai dû échouer sur plein de trucs…
GALA : Qui ne l’a pas fait…
G. H. : Je culpabilise d’être séparée de son papa. Même si c’est devenu la norme désormais. De moins en moins de couples parviennent à rester ensemble toute une vie. On a un, deux, trois, quatre « hommes de sa vie ». Pourtant, ceux que l’on a aimés un jour compteront toujours. Une sorte de culpabilité persiste : « Est-ce que cela aurait été mieux si… ? » Une séparation, ce n’est jamais gai ni facile, même quand cela se passe très bien. Et c’est l’enfant qui en pâtit le premier, lui qui n’a rien demandé, lui qui ne comprend pas que ses parents ne soient plus en osmose. Je parle en tant que fille de parents divorcés. En étant confronté au manque, à la douleur qu’implique une séparation, l’enfant développe une hypersensibilité, mais aussi une grande force. C’est le cas de Gabriel. Ce sont des mômes qui vont s’adapter et comprendre plus vite comment marche le monde.
GALA : Vous avez posté le 26 janvier sur votre compte Instagram une photo de votre maman, Caroline, décédée il y a tout juste douze ans. Avez-vous réussi à trouver une place à votre peine ?
G. H. : J’ai passé ma jeunesse à me dire que je ne voulais pas lui ressembler, pour mille raisons. En réalité, il y a beaucoup de choses d’elle que je retrouve chez moi, comme chez ma sœur. La fantaisie, le goût de la liberté, de l’engagement aussi, à sa manière. Je me raconte que je n’ai pris aucun de ses défauts. Son côté femme-enfant (elle avait 18 ans quand Gwendoline est née, ndlr), un peu irresponsable, n’était pas rassurant pour nous. J’étais la mère de ma mère. Aujourd’hui, je sais qu’elle a fait ce qu’elle a pu, avec son histoire, ses douleurs, sa construction, je ne lui en veux de rien.
Ma peine refait surface par moments, par exemple quand j’écoute un album de Barbra Streisand que nous aimions ados. Ou quand je me dis : elle a raté ça, elle ne voit pas les enfants grandir… Mais lorsque le médecin m’a annoncé qu’il lui restait peu de temps à vivre, j’ai très vite compris que ce n’était pas ma faute. Maman a choisi son destin, d’une certaine manière. Elle ne faisait pas ses examens, ne consultait pas de gynéco. Je trouve cela triste et dommage. Même si ce n’est pas pour tout de suite, j’appréhende d’avoir 58 ans. Comme tous les enfants qui ont perdu leurs parents jeunes, il va falloir que je passe ce cap. Mais je fais beaucoup plus attention qu’elle.
Crédits photos : PATRICK BERNARD / BESTIMAGE
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