Jacques Villeret (La soupe aux choux) : l’alcool a fini par le détruire alors que sa vie allait mieux
Ce 2 novembre, France 3 diffuse La soupe aux choux de Claude Zidi avec Jacques Villeret. L’acteur est mort un 28 janvier 2005. Ce prince du rire qui a fait se tordre la France avec Le diner de cons, était un être tourmenté. Souvent l’habit de clown cache un désespoir… Le sien lui aura été fatal.
Il vous regardait de ses grands yeux lunaires et vous disait dans un sourire : « Je suis un mélancolique, j’ai besoin d’augmenter la lumière quand le soir descend. »Jacques Villeret est mort un vendredi 28 janvier 2005, dans la propriété d’Ivry-la-Bataille qu’il venait d’acquérir et où il comptait bien couler ses vieux jours. Hémorragie interne a-t-on diagnostiqué. Il allait avoir 59 ans (le 6 février) et s’apprêtait à fêter les 50 ans de mariage de ses parents.
Jacques Villeret souffrait d’une dépendance à l’alcool qu’il avait d’abord pris comme on prend la fuite, pour oublier, se soigner d’un mal-être, d’un sentiment de solitude, d’une dérive. Cinq ans plus tôt, alors qu’il devait jouer Jeffrey Bernard au théâtre, il avait dû annuler les représentations et être hospitalisé en urgence. Pourtant cette mort si soudaine a frappé de stupeur son entourage, son public. Avec sa bouille de Pierrot, ses billes bleues, celui qui passait pour le rigolo de service trimbalait son lot de fantômes.
Grandi à dix mille lieues du monde du spectacle, Jacques Villeret pousse au milieu des indéfrisables que fait grand-mère Marthe, dans son salon de Tours. Une mère coiffeuse aussi. Un père en charge de l’entretien d’un lycée, qui n’est pas son géniteur, mais l’élève comme son propre fiston. Son père biologique est un Kabyle, Ahmed Boufroura, nom que porte Jacques enfant et qu’il décide, après une entrevue avec ce dernier, de changer en Villeret, patronyme de son beau-père.Tout gamin, il rêve de théâtre, de cinéma, de faire l’artiste, il veut être aimé en grand. Au lendemain du bac, il saute dans un camion pour aller tâter des fameux cours Simon, à Paris. Et se retrouve au Conservatoire, en 1970, dans la classe des Dussollier, Balmer, Veber, Baye…
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Jacques Villeret est d’emblée distribué dans des rôles de gentil benêt (en a-t-il été parfois peiné ?). Comme à l’école, il prend la place du bon gros dont on se moque mais qu’on aime bien, au fond. Son versant tragique ? Il le met de côté, le garde pour ses nuits d’insomnie. A l’écran, il est l’extraterrestre deLa soupe aux choux, le nazi de Papy fait de la résistance, jusqu’à ce François Pignon du Dîner de cons, qui lui vaut, en 1998, le César du meilleur acteur (depuis Michel Serrault dans La cage aux folles, aucun autre comique n’avait remporté pareille récompense).
Le soir de cette cérémonie, après le souper au Fouquet’s, Jacques Villeret se réfugie dans un coin, seul, une bouteille à portée de main, pour oublier une femme en partance, la sienne. L’acteur qui fait rire la France aux éclats est au même moment un homme brisé. La dépression le ronge. Le sachant en danger, Annette, sa mère, prend la douloureuse décision de faire interner son fils. « Jacques était tellement mal, nous a-t-elle confié il y a quelques années, que sur le conseil des médecins, j’ai décidé de le faire hospitaliser. Pour le protéger de lui-même. Pour qu’il soit vraiment soigné. Sur le moment, il m’en a voulu. Mais il savait très bien que c’était pour son bien. »
Jacques Villeret ne se sent heureux que sur un tournage ou dans le silence de sa propriété normande. Sur un tournage parce qu’il y est entouré de gens qui lui veulent du bien, comme Eric Cantona qu’il fut un des premiers a encourager dans son choix d’être acteur et qui reste son ami. En Normandie parce qu’il y est loin de la ville et du bruit. Là, la gibecière posée sur la berge, l’hameçon jeté dans l’étang, comme son personnage des Enfants du marais, il se laisse aller aux rêveries, remonte le fil de sa vie, se dit que finalement, aujourd’hui, il ne s’en sort pas si mal…
Dans les années 2000, une nouvelle femme entre même dans sa vie. Sény est sénégalaise, mère de trois enfants. En 2004, il la présente à sa famille. A ses côtés, Jacques Villeret a l’air enfin apaisé. « Nous nous sommes rencontrés à un moment où nous étions très malheureux chacun dans notre vie et nous avons décidé d’essayer de ne plus l’être ensemble », nous avait-il d’ailleurs avoué un jour. Mais l’alcool, cette saleté, ne l’a jamais vraiment lâché… Jacques Villeret repose dans le petit cimetière de Perrusson, aux côté de Marthe, sa grand-mère adorée.
Crédits photos : Bestimage/Sipa