Pierre Bergé fâché avec Le monde
Actionnaire du Monde, Pierre Bergé n’a pas du tout apprécié l’enquête de son journal sur le système d’évasion fiscale de la banque HSBC. Il critique le fait que le nom de Gad Elmaleh ait été jeté «en pâture».
Pierre Bergé ne pouvait pas mieux choisir le titre de l’émission dans laquelle il a critiqué Le Monde, le journal dont il est actionnaire. C’est en effet sur RTL, au micro de On refait le monde, programme animé par Marc-Olivier Fogiel et dont Pierre Bergé est chroniqueur régulier, qu’il a dit tout le mal qu’il pensaitde l’enquête sortie dans le quotidien lundi. Il parlait de l’affaire Swissleaks et de la vaste affaire d’évasion fiscale orchestrée par la banque HSBC et dans laquelle plusieurs personnalités ont été citées. «Cette histoire me plonge dans beaucoup d’interrogations, me met mal à l’aise, a-t-il confié. Il faut commencer par dire qu’il faut proscrire évidemment la fraude fiscale partout et punir les fraudeurs fiscaux». Puis il s’est interrogé: «Une fois que j’ai dit ça, est-ce que c’est le rôle d’un journal -et surtout d’un journal comme Le Monde– de jeter en pâture des noms, des gens? Pourquoi Gad Elmaleh? Qu’est-ce que ça veut dire ça?».
Pierre Bergé affirme qu’il n’a pas mis de l’argent dans ce journal pour le voir ainsi utiliser des méthodes qu’il condamne dans le but de publier une enquête qu’il juge populiste. «Pour moi, c’est flatter les pires instincts qui soient et ce n’est pas ça que devrait être journal, en tout cas un journal comme Le Monde, estime l’ancien compagnon de Yves Saint Laurent. Ce n’est pas pour ça que je suis venu au secours du Monde et ce n’est pas pour ça que j’ai permis aux journalistes du Monde d’acquérir leur indépendance. Ce n’est pas pour ça. Ce sont des méthodes que je réprouve totalement et qui n’ont aucune justification». Et Pierre Bergé de faire un rapprochement avec une sombre période de notre Histoire, où dénoncer et citer des noms étaient monnaie courante. «Je ne veux pas comparer évidemment ce qui se passe à des époques passées mais quand même, la délation, c’est la délation. Jeter en pâture des noms, c’est jeter en pâture des noms. Et tout ça me semble gratuit surtout…». L’actionnaire du Monde, avec Xavier Niel et Mathieu Pigasse, a surtout avoué: «je ne suis pas en colère. Je suis surtout triste, je suis surtout déçu».
Un peu plus tôt dans la journée, Mathieu Pigasse avait déclaré: «Il est vrai qu’il y a un juste équilibre à trouver entre le fait de divulguer des informations d’intérêt général, d’intérêt public et le fait de ne pas tomber dans une forme de maccarthisme fiscal et de délation». Gilles Van Kote, directeur du Monde, avait réagi en disant: «On peut toujours avoir des discussions. Le débat sur le fait de donner le nom d’untel et pas d’untel est ouvert, il existe au sein de la rédaction. Mais ce sont des décisions qui sont d’ordre éditorial et qui sont donc du ressort de la direction du journal». Il avait également rappelé que «les actionnaires n’ont pas leur mot à dire sur les contenus éditoriaux» comme le stipule la charte d’éthique du Monde.
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Crédits photos : NIVIERE/SIPA